Pourquoi et comment mieux anticiper les évolutions à venir et bâtir une stratégie d’adaptation de votre modèle d’affaires ?

L’adaptation n’est pas un luxe, c’est une nécessité.

Dans cet article, Flavie Granon, consultante et Minh Tran Kim, Directeur Associé de HAATCH, proposent de vous expliquer pourquoi l’adaptation est un enjeu clé de résilience, de robustesse et de pérennité pour les entreprises, et quelles sont les différentes manières d’appréhender le sujet pour définir sa stratégie d’adaptation.
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Publié le 12/11/2025
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Sommaire :

  1. Adaptation, résilience, robustesse, pérennité : de quoi parle-t-on ?
  2. Pourquoi les entreprises ont-elles besoin d’une stratégie d’adaptation ? 
  3. Comment réfléchir à sa stratégie d’adaptation ?

Qui l’eut cru… ?

Qui aurait cru il y a encore 5 ou 10 ans que la Russie envahirait l’Ukraine, que la pandémie de COVID-19 paralyserait l’économie mondiale et le quotidien de toute l’humanité, ou encore que l’Intelligence Artificielle prendrait une telle ampleur ? Certain.es expert.es à la rigueur…

“Diriger, c’est anticiper” comme le disait Henri Ford. Dans un monde en permacrise et en mutation rapide — changement climatique, transformation technologique, instabilité géopolitique, tensions sociales, ces mots raisonnent plus jamais. Les entreprises font face à des risques systémiques mais aussi à de formidables opportunités de réinvention.

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À quoi ressemblera le monde en 2050 ?

À quoi ressemblera l’économie en 2050 ?

… Et à quoi ressemblera votre entreprise en 2050 ? Votre modèle d’affaires est-il assez résilient ?

***

En lisant ces questions, vous pensez peut-être que 2050, c’es trop loin et que cela ne sert à rien de se projeter quand on a du mal à voir à plus d’un an. Ce n’est pas un exercice facile, c’est vrai. Mais il ne consiste pas non plus à avoir une boule de cristal pour deviner tout ce qui va se passer : il consiste surtout à imaginer des scénarios et surtout les effets de bord de ces scénarios pour “stress-tester” votre modèle d’affaires, mettre en lumière vos éventuelles faiblesses et, peut-être, révéler des opportunités.

L’adaptation des entreprises : un levier pour assurer leur pérennité à long terme

À défaut de trouver la réponse unique à ces questions, il s’agit donc avant tout d’anticiper, de créer les conditions pour absorber les chocs, et donc de repenser son modèle d’affaires et sa manière de créer de la valeur. Il s’agit de s’adapter.

 

1. Adaptation, résilience, robustesse, pérennité : de quoi parle-t-on ?

Avant de plonger dans le cœur du sujet, il est essentiel de bien définir certains concepts clés qui gravitent autour de la notion l’adaptation des entreprises. Ces termes sont souvent employés de manière interchangeable, mais chacun porte une dimension spécifique qui mérite d’être clarifiée.

💡Prenons l’exemple d’un chêne pour illustrer nos propos, comme le fait régulièrement Olivier Hamant, chercheur en biologie et biophysique, dans ses ouvrages.*

  • Adaptation : capacité d’une organisation à ajuster ses activités, son modèle à des évolutions extérieures profondes (aléas climatiques, nouvelles réglementations, mutations sociales…).

🌳Quand le couvert forestier se densifie et que la lumière devient plus rare, le jeune chêne allonge sa tige et oriente ses feuilles vers les trouées lumineuses. Il ajuste son développement pour continuer à croître dans un contexte changeant.

  • Résilience : capacité d’une organisation à surmonter les crises, encaisser un choc et à revenir à son état initial après des perturbations majeures. Elle diffère de l’adaptation en incluant l’idée de restauration et de transformation après un choc brutal.

🌳Après une tempête qui brise plusieurs branches, le chêne cicatrise ses plaies, fait bourgeonner de nouvelles branches et reconstitue progressivement sa couronne. Il n’est plus identique à avant, mais il retrouve un fonctionnement équilibré.

  • Robustesse : si la résilience concerne la capacité à rebondir après une crise, la robustesse fait elle référence à la solidité d’une organisation face aux perturbations. C’est la capacité à résister, sans se dégrader, face aux événements externes.

🌳Le bois dense et la racine pivotante profonde du chêne lui permettent de résister aux vents violents qui déracineraient d’autres arbres. Il ne s’agit pas de transformation, mais d’une résistance structurelle.

  • Pérennité : capacité d’une organisation à durer dans le temps, à maintenir une activité viable sur le long terme pour toutes ses parties prenantes, en intégrant à la fois des considérations sociales, environnementales et économiques.

🌳La longévité du chêne ne se joue pas uniquement dans son tronc, mais dans ses relations. Ses glands nourrissent les animaux, ses feuilles enrichissent le sol, ses mycorhizes lient l’arbre au réseau souterrain. C’est cette coopération écologique qui assure sa présence sur plusieurs siècles.

*Antidote au culte de la performance : La robustesse du vivant (éditions Gallimard, 2024, collection Tract) est un de ses derniers ouvrages. Il y défend l’idée que la robustesse – non l’efficience ni la performance – est la clé pour résister aux grandes fluctuations que connaît notre monde.

2. Pourquoi les entreprises ont-elles besoin d’une stratégie d’adaptation ?

L’adaptation n’est pas un luxe. C’est une nécessité. Voici pourquoi :

Des impacts bien réels, et de plus en plus coûteux

En 2024, les événements climatiques extrêmes ont causé plus de 300 milliards de dollars de pertes dans le monde, selon le dernier rapport de la Swiss Reinsurance Company (Swiss Re).

Ces chiffres se traduisent concrètement :

  • Trafic fluvial sur le Rhin : En 2022 et de nouveau en 2023, les niveaux d’eau trop bas sur le Rhin ont forcé le ralentissement ou l’arrêt du trafic fluvial, impactant directement l’acheminement de matières premières comme le charbon ou le pétrole vers l’Allemagne et la Suisse (Reuters).
  • Inondations en Slovénie (août 2023) : elles ont paralysé une partie de l’industrie et coûté environ 5 % du PIB annuel du pays (Commission européenne).
  • Ouragan Ian (2022, Floride) : près de 100 milliards $ de dégâts, dont une partie liée à la désorganisation des chaînes logistiques et à l’arrêt d’usines (Swiss Re, 2023).
  • Inondations dans le Nord de la France (2023) : selon les assureurs français, les catastrophes liées au climat ont coûté 6,5 milliards € en 2023 pour les dossiers assurés. (RFI, 2024)

Des entreprises vulnérables, surtout les plus petites

Les PME et TPE sont souvent les plus exposées : moins de réserves financières, moins bien assurées, moins de facilités d’emprunt. Quand un choc survient, elles ont peu de marge pour rebondir.

  • Sécheresse en France (été 2022) : plusieurs TPE agricoles et viticoles ont perdu jusqu’à 30 % de leur chiffre d’affaires à cause de la baisse de production (source : Assemblée nationale, rapport sur la sécheresse).
  • Tempête Ciaran (novembre 2023) : de nombreuses petites entreprises de l’Ouest de la France ont subi des dégâts matériels lourds (toitures, entrepôts détruits) sans être toutes couvertes par une assurance adaptée (Le Monde).

S’adapter coûte moins cher que subir

De nombreuses études le montrent : l’inaction est bien plus onéreuse que l’action, sur le long terme. Prévenir permet non seulement de protéger, mais aussi d’économiser.

💶 L’inaction climatique pourrait coûter la France à peu près 7 points de PIB par an d’ici 2100, sans nouvelles politiques de transition.

  • Chaque dollar investi dans l’adaptation rapporte entre 4 et 7 dollars en pertes évitées (infrastructures résilientes, prévention des inondations, gestion de l’eau) (World Bank, 2023).
  • L’inaction climatique pourrait coûter à la France 7 points de PIB par an d’ici 2100, tandis que la mise en œuvre d’une transition réduirait fortement cette perte (France Stratégie, rapport « Coût de l’inaction climatique », 2021).

💡Cas concret 1 : la ville de Copenhague a investi dans des infrastructures anti-inondations (parcs capables de stocker l’eau de pluie, chaussées perméables). Selon les projections, ces investissements devraient économiser plusieurs milliards d’euros de dégâts évités lors des futures tempêtes, attendues comme de plus en plus imprévisibles et intenses. Source : Agence européenne de l’environnement.

💡Cas concret 2 : plusieurs villes, en particulier en Chine et aux Pays-Bas investiguent depuis plusieurs années le concept de “ville-éponge”, c’est-à-dire une ville capable d’absorber, de stocker et de filtrer l’eau de pluie, au lieu de la rejeter immédiatement dans les réseaux d’égouts, limitant ainsi le risque d’inondation en cas de fortes pluies. Plusieurs méthodes sont combinées pour atteindre cet objectif : construction et/ou restauration de zones humides, création d’espaces verts, installation de toits végétalisés, utilisation de revêtements poreux pour les routes, trottoirs ou parkings, création de zones transformables en bassins éphémères. L’État chinois a lancé en 2015 un programme pour aider ses villes à mieux résister aux inondations : 80% de ses zones urbaines devront être capables d’absorber et réutiliser 70% de leurs eaux de pluie d’ici 2030. Source : France Info, 2025

 

Les mieux préparées en sortiront gagnantes

Les entreprises qui ont une stratégie d’adaptation claire seront les plus susceptibles de prospérer sur le long terme.

Elles ne subissent pas, elles agissent. Et cela fait toute la différence.

💡Exemple : La société suédoise Löfbergs (torréfaction et distribution de café) fait partie du partenariat Coffee & Climate, un programme de coopération public–privé qui vise à soutenir les exploitants familiaux de café face aux perturbations climatiques. À travers des formations agronomiques, l’accès à des outils adaptés, et une transparence accrue, l’initiative renforce la résilience des communautés agricoles tout au long de la chaîne d’approvisionnement. (Sustainability Report Löfberg 2024)

🥇 Résultat : en investissant dans la résilience collective, Löfberg sécurise ses approvisionnements de manière durable et contribue à la stabilité économique des producteurs — un positionnement gagnant dans un secteur fragmenté et vulnérable.

 

L’adaptation, loin d’être une réponse uniquement défensive, est donc une formidable opportunité de transformation.

Pour les entreprises, il s’agit de :

  • Gérer les risques : L’adaptation permet d’anticiper les crises à venir (changement climatique, ruptures technologiques, tensions sociales, etc.) et de mieux gérer les risques associés, en travaillant à une meilleure résilience et une plus grande robustesse.

🍾 Exemple : la maison de champagne Taittinger a investi dès 2015 dans des vignes en Angleterre, afin d’anticiper les effets délétères du changement climatique sur les vignes en France. La première cuvée du Domaine Evremond a ainsi vu le jour en 2025.

  • Saisir les opportunités : L’adaptation permet également de capter les opportunités générées par ces évolutions, que ce soit l’émergence de nouveaux marchés, l’adoption de technologies innovantes ou la différenciation par des modèles d’affaires plus durables.

🧓🏽 Exemple : la “silver economy” (c’est-à-dire l’économie liée à la vieillesse croissante de la population) est en plein boom grâce à l’allongement de la durée de vie et l’amélioration des conditions de vie en général. Au Japon, de nombreuses entreprises en font déjà un créneau de développement important.

  • Assurer la pérennité : Une stratégie d’adaptation bien pensée permet à l’entreprise de se projeter dans l’avenir, d’aligner ses activités avec les enjeux globaux et de garantir sa compétitivité sur le long terme.

👩🏽‍🌾 Exemple : développer des filières agroécologiques du producteur jusqu’au consommateur est un levier important d’adaptation pour les industries de l’agroalimentaire, mais également pour les industries du parfum ou encore de la beauté, qui dépendent fortement de l’agriculture.

 

3. Comment réfléchir à sa stratégie d’adaptation ?

Notre conviction : l’adaptation est un processus de transformation positive, et nous vous proposons plusieurs manières de l’aborder :

  • Des séminaires CODIR/COMEX “Mon entreprise dans 10 ans (ou plus)” pour réfléchir à la robustesse du modèle d’affaire et identifier des pivots possibles, idéal pour réfléchir à son projet plan stratégique.
  • Des réflexions sur les métiers de demain et les conditions de travail, à destination des directions Ressources Humaines.
  • La définition d’un plan d’adaptation fondé sur une analyse poussée de votre résilience actuelle et future pour sécuriser au mieux vos actifs, des approvisionnements stratégiques à vos CAPEX clés.
  • La cartographie de vos risques ESG pour réfléchir à vos approvisionnements stratégiques de manière exhaustive.
  • L’analyse de double matérialité, comme 1ère introduction aux risques et opportunités

Séminaire CODIR/COMEX “Mon entreprise dans 10 ans”

Nous concevons avec vous des séminaires immersifs (d’une demi-journée jusqu’à 1 semaine), spécialement dédiés à votre comité de direction / COMEX / CA. Le contenu de ces séminaires est entièrement modulable et personnalisable, en fonction de vos attentes.

Nous vous proposons de prendre du recul pour préparer votre entreprise aux changements à venir. Nous vous aiderons à vous projeter en utilisant 25 mégatendances articulées autour de 5 grands segments (Environnement, Technologique, Géopolitique, etc.), les mutations des comportements consommateurs, la transformation des business models et les nouvelles opportunités à saisir.

Notre objectif : vous aider à projeter votre entreprise dans 10 ans, afin de mieux anticiper et piloter les transformations à venir.

🎯 À la clé : par exemple, une liste de projets d’adaptation priorisés, à intégrer progressivement dans votre feuille de route stratégique

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Définition d’un plan d’action d’adaptation fondé sur une analyse poussée de votre résilience actuelle et future

Notre méthodologie repose sur 4 étapes, enrichies par les meilleures pratiques de terrain et les travaux de l’ADEME. Elle est conçue pour s’intégrer naturellement à une stratégie RSE ou à un plan de transition (décarbonation + adaptation).

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Analyse de double matérialité

Propulsée par le reporting de durabilité et la CSRD, l’analyse de double matérialité permet d’identifier et hiérarchiser vos impacts, risques et opportunités ESG. Elle permet de poser les bases d’une stratégie RSE puissante et adaptée à vos enjeux. C’est aussi un excellent moyen d’embarquer toute l’entreprise, des opérationnels jusqu’au top management.

🎯 À la clé : une matrice de double matérialité claire et stratégique, une liste complète et justifiée de tous impacts, risques et opportunités évalués, une note méthodologique détaillée et des supports de présentation adaptés à vos besoins.

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Conclusion : l’adaptation, un levier stratégique incontournable

Dans un monde en perpétuelle évolution, l’adaptation devient une priorité pour les entreprises qui souhaitent non seulement survivre, mais aussi prospérer.

Elle permet de mieux anticiper la gestion (inévitable) des risques majeurs à venir mais également d’exploiter les opportunités émergentes et de garantir la pérennité des activités sur le long terme.

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