Produrable 2025 : le grand retour de la RSE stratégique

À l’occasion de la 18e édition de Produrable, rendez-vous incontournable de l’économie durable en France, Alexis Krycève, co-fondateur de HAATCH et du collectif #WeAreEurope, est intervenu lors de la plénière « Le grand retour de la RSE stratégique ». Aux côtés de dirigeants d’entreprise et d’experts de la durabilité, il a débattu de l’avenir de la RSE, dans un contexte européen marqué par des avancées réglementaires rapides mais aussi par une forme de backlash.

Les points clés

Les discussions ont rappelé combien les dernières années ont été dominées par l’arrivée de la CSRD et par la loi Omnibus, qui ont suscité à la fois espoirs et inquiétudes. Alexis Krycève a souligné que cette accumulation de règles, loin de simplifier, avait créé un véritable « brouillard » pour de nombreuses entreprises, en particulier les moins avancées. « Le risque, a-t-il expliqué, c’est de réduire la RSE à un simple exercice de reporting et d’en détourner le sens profond. L’entreprise ne survivra pas sans la RSE, mais la RSE ne survivra pas sans l’entreprise. »

Cette conviction rejoint l’expérience de Linda Freiner, directrice de la stratégie durable chez Zurich Insurance, qui a expliqué que, pour son groupe, la double matérialité restait une boussole essentielle, indépendamment des évolutions réglementaires. Elle a insisté sur le fait que les risques climatiques sont désormais tangibles, immédiats, et doivent être intégrés autant dans les stratégies de transition que dans les dispositifs d’adaptation et de résilience.

Pour Julien Denormandie, directeur de l’impact chez SWEEP, la CSRD a certes poussé trop loin l’approche compliance, mais elle a aussi permis de structurer un langage commun autour des données ESG. L’enjeu, selon lui, est désormais de dépasser la logique de reporting pour replacer la RSE au cœur de la création de valeur durable.

Éric Campos, directeur de l’engagement sociétal au Crédit Agricole, a rappelé de son côté le rôle clé de la finance pour accompagner cette transformation. Les banques, a-t-il expliqué, doivent inciter les entreprises à poursuivre leurs efforts malgré les incertitudes politiques et économiques, et contribuer à sécuriser les investissements nécessaires.

Réinventer la RSE

Au-delà des constats, les intervenants se sont accordés sur la nécessité de réinventer la RSE. Moins focalisée sur la seule conformité, elle doit redevenir un levier stratégique, permettant aux entreprises de répondre aux défis climatiques, sociaux et économiques tout en innovant. Comme l’a souligné Alexis Krycève, l’enjeu est de replacer la RSE au service de la stratégie d’entreprise et de la compétitivité européenne.