Retour d’expérience de deux Responsables RSE au salon Produrable
A l’occasion du salon PRODURABLE, nous avons convié deux Responsables RSE de marques du luxe afin qu’ils nous partagent leur expérience. Vous retrouverez ci-dessous l’intervention d’Isabelle Sultan – Chief Sustainability Officer chez Parfums Christian Dior et de Christophe Bocquet – Directeur Qualité, Conformité, SAV et RSE chez Chloé.
Actions mises en place lors de leur prise de fonction
Arrivée le 1er janvier 2021 chez Parfums Christian Dior après 20 années chez Danone, Isabelle Sultan met en avant le pouvoir d’inspiration majeur des marques du luxe. Pour celle-ci, le luxe a un pouvoir d’entrainement et d’inspiration qui va bien au-delà de sa propre échelle. La capacité des maisons à combiner la désirabilité et la durabilité lui semble essentielle.
« C’est en étant naturel et sincère que l’on fait des révolutions, parfois sans les avoir cherchées » C.Dior.
Pour cette Directrice RSE, il est important de « garder ses convictions chevilles au corps ». En cherchant à creuser l’ADN et l’identité de Dior, elle a découvert la vision de la marque « le beau qui fait du bien ». S’appuyer sur cette vision a été la première étape dans la construction d’un projet embarquant la maison et ses différentes parties prenantes. Selon elle, le faire avec des parties prenantes externes est clé dans la définition et le pilotage de la stratégie RSE de Dior. Ensuite, il a fallu communiquer sur ce qu’il se faisait de bien dans la maison.
En ce qui concerne Christophe Bocquet, Directeur RSE chez Chloé depuis 2019, il a assisté à deux gros accélérateurs dans l’engagement de la maison. Le premier a été impulsé par le recrutement du nouveau CEO Riccardo Bellini qui a tout de suite compris les enjeux RSE du secteur. Le deuxième a été la nomination en 2020 de la très engagée Directrice artistique, Gabriela Hearst.
Dès 2019, il a été question chez Chloé de recenser et de dresser une liste exhaustive de tout ce qu’il se faisait dans la maison en lien avec la RSE. Ce travail de collecte a permis d’identifier de nouvelles pratiques à valoriser, notamment sur le volet social. Une fois l’état des lieux dressé, il a fallu catégoriser les bonnes pratiques existantes en 4 parties : les employés, les communautés, le sourcing et l’impact sur la planète. Une segmentation qui a permis de voir s’il y avait des gaps, ou au contraire mettre en lumière des initiatives sur lesquelles s’appuyer. Enfin, la maison s’est lancée dans la mesure de son impact. Pour ce faire, Christophe Bocquet s’est appuyé sur des outils facilement accessibles comme la méthodologie en open source de Kering « EP&L » (environmental Profit and loss) ou les ressources de l’ADEME.
Grands enjeux identifiés par Chloé et Parfums Christian Dior
Après avoir défini la vision et les objectifs de la maison Chloé, il a fallu déterminer les actions à réaliser. Il en est ressorti plusieurs enjeux de ce travail :
– les matières premières (définition en interne des matières premières avec l’impact le plus faible);
– le sourcing (certification des tanneurs partenaires de Chloé);
– le transport (réflexion autour du transport modal par bateau plutôt que par avion);
– la surproduction (la meilleure pollution est celle que l’on ne produit pas).
Pour Christophe Bocquet, ces notions impliquent une agilité dans la supply chain. Au-delà des défis techniques, il y a également des coûts. Il faut aussi et surtout convaincre les salariés, les former sur des notions RSE qui restent nouvelles et étrangères pour beaucoup. A noter que l’enjeu le plus difficile, selon notre intervenant, est le « fairtrade ». Malgré des engagements forts, il est difficile de trouver des partenaires de qualité.
En comparaison, Parfums Dior est plus en amont dans le chemin, ils sont encore dans une phase de réflexion et de questionnement. De la vision de la marque découle un certain nombre de questions :
– Quel modèle de culture la marque souhaite-t-elle incarner ? Comment porter des valeurs d’inclusivité ?
– Quel rôle la marque Dior joue-t-elle sur le vivant ? Comment régénérer les sols avec une activité dépendante de la nature ?
– Comment mettre en place un sourcing responsable ?
– Comment utiliser la voix et l’aura Dior pour favoriser l’adoption de la COP 15 sur la biodiversité tout en gardant des objectifs ambitieux ?
– Comment transformer un usage en véritable acte d’achat, avec par exemple les recharges pour parfums ?
Enfin, notre intervenante reconnait que la mesure est une étape évidemment fondamentale sur laquelle Dior a du chemin à faire.
Conseils pour un passage à l’action dans les maisons de luxe
Selon Christophe Bocquet : « Quand on arrive dans une entreprise, on a ce qu’on hérite. Après plusieurs années, on a ce qu’on mérite ». Il faut s’appuyer sur une mission solide et claire afin d’établir pourquoi on fait de la RSE et l’intégrer à l’ADN de l’entreprise. C’est un enjeu autant important pour les employés que les investisseurs. Ensuite, il mentionne que le Top Management et les départements créatifs doivent porter les sujets de transformation durable. Enfin, il ajoute qu’il est nécessaire de former et impliquer les équipes en mettant à disposition des outils de formation avec une véritable descente d’informations et d’acculturation sur les sujets.
Isabelle Sultan ajoute l’importance de faire comprendre ce qu’est la « sustainability » aux équipes tout en étant connecté aux enjeux business qu’elle nomme la « sustainable business transformation ». Selon elle, il faut cascader les engagements dans la stratégie de la maison. Et enfin, utiliser la communication pour pousser les sujets sur l’agenda même si on n’est pas parfait.
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Chez HAATCH, nous aidons les acteurs du luxe à définir leur Territoire d’Engagement®, pour aligner enjeux RSE et enjeux stratégiques de l’entreprise. Le territoire doit à la fois correspondre aux valeurs, à l’ADN, à la stratégie et aux priorités économiques de l’entreprise. Les engagements sociaux et environnementaux de l’entreprise deviennent, grâce à la définition du Territoire d’Engagement®, crédibles, pertinents, alignés et spécifiques.
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