Parmi les 4 objectifs de l’accélérateur national de l’innovation sociale lancé en janvier 2018 par Christophe Itier, Haut-commissaire à l’Economie sociale et solidaire et à l’innovation sociale, figure la mesure d’impact social. Celle-ci est en effet devenue une préoccupation de premier plan pour tous les acteurs qui prétendent avoir un impact positif ou en soutenir les effets.

HAATCH recense quelques-unes des raisons qui incitent les acteurs de l’ESS, mais aussi les financeurs et les entreprises « classiques » à mesurer cet impact social.

 

Les structures de l’ESS

 

Définies par la Loi sur l’ESS de 2014, les structures de l’ESS ont pour point commun de viser autre chose que le seul partage des bénéfices. Elles cherchent à apporter des solutions aux besoins socio-économiques des publics qu’elles servent, au travers de leur activité, des personnes qu’elles emploient, de leurs clients, de leurs bénéficiaires ou de leur mode d’organisation.

L’impact social est donc au cœur de leur activité, ce qui rend sa mesure cruciale. Celle-ci leur permet en effet de :

  • Mieux comprendre les effets de leur activité sur leurs parties prenantes
  • Orienter la stratégie et la prise de décisions concernant la gestion de leur activité
  • Rendre des comptes à leurs partenaires publics et privés, financeurs et soutiens
  • Communiquer auprès de leurs parties prenantes et du grand public
  • Développer ou renouveler des sources de financement : recherche de subventions, de soutiens d’entreprises ou de fondations, collecte de dons auprès du grand public
  • Obtenir ou renouveler des agréments ou des labels
  • Répondre à des contraintes réglementaires
  • Fédérer leurs équipes (collaborateurs, bénévoles…)
  • Construire des indicateurs de performance extra-financiers et suivre leurs évolutions dans le temps

Exemple 

HAATCH a réalisé une étude SROI (Social Return on Investment) pour Alenvi, entreprise sociale qui anime des communautés autonomes d' »auxiliaires d’envie » formées en continu, qui fournissent aux personnes âgées dépendantes des services centrés sur la stimulation et la relation humaine. Son président, Guillaume Desnoës explique l’engagement de son organisation dans cette démarche : « L’impérieuse nécessité de la mesure s’impose à toute entreprise qui souhaite développer son impact et l’améliorer avec le temps. Elle complète la mesure de la performance économique que les règles comptables et fiscales rendent obligatoires »

 

 

Les financeurs

 

Les financeurs, publics ou privés, des activités à impact social, parmi lesquels se trouvent les acteurs de l’Impact Investing, sont soucieux de suivre la performance des organisations qu’elles soutiennent.

Pour ces acteurs, la mesure d’impact social permet de :

  • Identifier les acteurs qui œuvrent sur un champ particulier de l’impact social
  • Arbitrer dans les choix d’investissement entre différentes entreprises
  • Développer un outil efficace pour suivre dans la durée l’atteinte des objectifs définis à la suite d’un investissement
  • Créer un outil de reporting pour rendre des comptes de manière transparente aux acteurs impliqués dans la démarche
  • Avoir un outil pour communiquer et valoriser l’action auprès de toutes les parties prenantes

Exemple

Activa Capital, société indépendante de capital-investissement, accompagne en mécénat de compétences et en mécénat financier l’Agence du Don en Nature. La société a financé le SROI que nous avons réalisé pour cette partie prenante dans le but de pouvoir valoriser le don en nature en France.

 

 

Les autres entreprises

 

Les entreprises peuvent, elles aussi, être amenées à évaluer l’impact social de leur participation à une activité à impact social interne ou externe à celles-ci.

Ces entreprises se caractérisent aujourd’hui par leur caractère pionnier, leur volonté d’intégrer la RSE dans toutes les dimensions de leur organisation et de contribuer au Bien Commun au travers de leurs activités.

Elles peuvent être amenées à réaliser une mesure d’impact social afin de :

  • Prendre du recul par rapport à la stratégie liée au programme d’engagement social mené
  • Avoir une connaissance fine de la nature et de l’ampleur des impacts liés à leur action
  • Mieux connaître leurs bénéficiaires et différentes parties prenantes
  • Comparer la pertinence de différents projets afin d’opérer des arbitrages
  • Analyser la spécificité d’une zone géographique par rapport à une autre ou d’un type de bénéficiaire par rapport à un autre
  • Tester la fiabilité des résultats et la pertinence de leurs actions
  • Faire de l’impact social un outil de pilotage de l’activité
  • Faire de l’impact social un indicateur sur lequel est calculé la performance / une part de la rémunération des managers
  • Communiquer de manière claire et efficace sur les actions engagées
  • Faire reconnaître et valoriser le travail des salariés/bénévoles pour renforcer leur adhésion au projet
  • Démontrer la pertinence d’une activité et ses bénéfices à des acteurs publics ou des communautés locales
  • Faire évoluer la réglementation pour diffuser et favoriser des pratiques à impact positif sur un marché

 Exemple

AccorHotels a lancé en 2009 un ambitieux programme à l’échelle internationale, Plant for the Planet. L’entreprise sociale PUR Projet, qui participe à la gestion et à l’animation de celui-ci a réalisé une étude pour mesurer la valeur socio-économique créé par la plantation d’arbres en milieu agroforestier, montrant un potentiel de création de valeur écosystémique de 13 dollars par arbre et par an, aussi bien en termes d’impact sur le changement climatique, sur les conditions de vie des communautés locales ou sur la biodiversité.

 

 

En définitive, la mesure d’impact social, si elle est en train de devenir un enjeu stratégique pour les acteurs de l’ESS qui recherchent à s’améliorer, rendre des comptes à leurs parties prenantes et à financer leur activité, ne doit pas leur rester réservée. En s’affinant, elle est amenée à devenir un outil de suivi, d’arbitrage et d’aide à la prise de décisions pour tous les acteurs désireux de contribuer au Bien Commun. Quant aux grandes entreprises, elles n’auront, à l’avenir, plus le loisir de se contenter de déclarations d’intention. Celles qui le comprendront et rendront compte de leur impact social par un exercice rigoureux de transparence sur leurs actions sortiront leur épingle du jeu. Elles créeront un cercle vertueux d’amélioration de leurs pratiques, développeront leur attractivité et seront plébiscitées par leurs parties prenantes… au détriment des organisations qui ne verront pas la marche…

 

 

Rappels :

Les acteurs de l’ESS peuvent être :

  • Des associations (ex : Emmaüs, Croix Rouge, etc.),
  • Des coopératives (ex : Biocoop, Enercoop, etc.),
  • Des mutuelles (ex : MACIF, MAIF, etc.),
  • Des fondations (ex : Fondation de France, Fondation Apprentis d’Auteuil, etc.),
  • Des entreprises sociales à statut commercial (ex : Simplon, Ares Services, etc.)

Les financeurs de l’impact social / acteurs de l’impact investing peuvent être :

  • Des investisseurs gouvernementaux (ex : BPI, AFD, etc.),
  • Des organisations internationales (ex : Société financière internationale, Banque européenne d’investissement, etc.),
  • Des fondations (ex : Positive Planet, Grameen Foundation, Schwab Foundation, etc.),
  • Des investisseurs privés (ex : Citizen Capital, INCO, IMPACT Partenaires, Investisseurs & Partenaires, Investir&+, France Active, etc.),
  • Des réseaux (ex : Global Impact Investing Network, Omidyar, etc.),
  • Des banques (ex : Crédit Coopératif, La Nef, etc.)